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Rappels historiques sur les chemins de Compostelle

Saint Jacques le Majeur fut l'un des Apôtres du Christ, et est supposé avoir évangélisé l'Espagne. Après son retour à Jérusalem, il est arrêté par Hérode Agrippa qui le fait décapiter. Selon la légende, son corps est ramené en Espagne par ses disciples. Il faut attendre le IXè siècle pour qu'un ermite, Pelayo, découvre, guidé par une étoile (ou une pluie d'étoile selon les sources...), l'emplacement du tombeau du saint. Le lieu est appelé Campus Stellae, le champ de l'étoile, et c'est de là que viendrait le mot Compostelle (une autre étymologie fait référence au mot latin compostile qui signifie nécropole).


Croix de Saint Jacques à Bailly le Franc

Dés cette découverte, les pèlerins commencent à se rendre en pèlerinage sur le tombeau de Saint Jacques, et au milieu du XIIè siècle, un premier guide du pèlerin circule dans les abbayes et monastères ; il s'agit du livre 5 du Codex Calixtinus, qui commence ainsi :

" Il y a quatre chemins qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en un seul à Puente la Reina en Espagne. L'un passe par Saint-Gilles, Montpellier, Toulouse et le col du Somport. Un autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac. Un autre passe par Sainte-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux. Un autre encore passe à Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d'Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux. " (source : http://perso.orange.fr/ultreia/codex5.htm)

Dés lors, sur ces chemins principaux, mais aussi sur ceux qui y mènent, les étapes seront marquées par la symbolique des chemins, et notamment la coquille, que l'on retrouve dans les églises, mais aussi sur les maisons accueillant les pèlerins. Selon une légende, la barque des disciples qui rapportaient la dépouille de St Jacques en Espagne fut attaquée sur les côtes de Galice par un Chevalier, qui fut aussitôt recouvert de coquilles... On explique aussi que les premiers pèlerins, parvenus au terme de leur voyage, rapportaient une coquille trouvée sur la plage de Padron, comme symbole de leur pèlerinage.


Verrière de Saint Jacques à Simancas (Eglise Saint Pantaléon, Troyes)

Il faut toutefois relativiser le lien qui existe entre la coquille et le pèlerinage de St Jacques ; la coquille est un ornement utilisé depuis l'antiquité, et qui revient régulièrement dans l'histoire de l'art sans qu'aucun rapport ne puisse être établi avec le pèlerinage. Ainsi le motif de la coquille est-il souvent utilisé, notamment au XVIé siècle, comme voûte de niches ou de piscines sur les murs des églises, mais aussi dans l'architecture civile, sans pour autant toujours faire référence à Saint Jacques et son chemin... 

Ci-dessus trois coquilles décoratives...
...et trois autres marquant cette fois clairement le pèlerinage.

Mais c'est bien sûr le saint lui-même qui inscrit encore plus les villes et villages dans l'histoire du chemin. Certains villages traversés offrent une représentation de Saint Jacques, en bois, en pierre ou sur les vitraux, avec ses attributs les plus courants ; le chapeau à large bord du pèlerin, le bâton encore appelé bourdon, la besace, la gourde et la coquille, bien sûr ! On trouve aussi la croix de Saint Jacques, aussi appelée croix matamore (tueur de maures), qui fut un symbole de la lutte entre chrétiens et musulmans sur le sol espagnol ; Saint jacques apparut selon la légende lors de la bataille de Simancas en 938, et il fut dés lors souvent repris comme symbole de la lutte contre les musulmans ; il est bien triste de penser qu'elle orne aujourd'hui certains uniformes en Irak... Toutefois, la représentation de Saint Jacques dans une église n'est pas la marque en soi du chemin de Compostelle. Combien de donateurs prénommés Jacques se sont fait représenter au pied de leur saint patron sur des vitraux...


Saint-Roch (Eglise Saint-Urbain, Troyes)

D'autres pèlerins célèbres ornent aussi les églises, tel Saint Roch, très présent dans l'Aube. Ce Saint, originaire du Languedoc, aurait vécu au début du XIVe siècle ; guérisseur, il soignaient surtout les malades de la peste, qu'il finit par contracter. De retour d'un pèlerinage de Rome, affaibli par la maladie, il se retira dans un bois près de Plaisance en Italie, et fut "secouru" par un chien qui chaque jour lui apportait un pain. Le seigneur des lieux finit par le découvrir dans sa retraite et le faire soigner, lui permettant ainsi de reprendre sa route vers la France. Saint Roch est représenté accompagné d'un enfant et d'un chien portant dans sa gueule un pain. Il exhibe son bubon sur la jambe, et porte tous les attributs du pèlerin ; le bourdon, la besace, et sur son chapeau les clés sympolisant son pélerinage sur les tombeuax de Saint Pierre et Saint Paul à Rome. Parfois on trouve même des coquilles qui ornent son chapeau...


Saint-Thibault (Eglise de Saint Savine)

Saint-Thibault nous rapproche cette fois de notre région. Né en 1017 à Provins, il était le fils du Comte Arnoul de Champagne, qui le destinait à une vie militaire. A 18 ans, fort de ses lectures religieuses, il décida de renoncer aux armes pour se retirer en ermite dans la forêt ardenaise, puis au Luxembourg. Il prit finalement la route des pèlerinages, qui le mena à Compostelle puis à Rome. Il passa la fin de sa vie dans l'Ordre des Camaldules à Salanigo en Italie, où il mourut en 1066. 


Sainte-Syre (Eglise de Saint Phal)

Bien que d'origine écossaise ou irlandaise, Sainte Syre fait également partie des saints locaux, et même si aucun lien ne la rapproche de Compostelle, on la représente souvent en pèlerine. Afin d'éviter le mariage, elle pria pour devenir aveugle. Une fois cette prière exaucée, un songe l'avertit qu'elle recouvrerait la vue si elle séjournait en France. Elle partit donc rejoindre son frère Saint Fiacre à l'abbaye de Jouarre, près de Meaux. Plus tard, avertie par une révélation, elle partit à la recherche de la tombe de Saint Savinien, martyr aubois du IIIe siècle, et recouvra la vue en la trouvant. Elle y fit batir une église à l'endroit qu'occupe actuellement le village de Rilly Sainte Syre. Selon les hagiographes, sa découverte eu lieu 10 ou 20 ans après la mort de Savinien, ou un, deux ou même quatre siècles plus tard... Sainte Syre nous ramène aussi à l'existence, dès le haut moyen âge, de chemins de pèlerinages vers Rome empruntés par les moines du Nord de l'Europe (et notamment d'Irlande ou d'Ecosse) qui traversaientt la France par la Champagne, en passant par les voies romaines existantes ; celle de Meaux à Troyes dans le cas présent.

Comme le Codex Calictinus nous l'indique, les chemins historiques de Compostelle en France prennent naissance dans quatre villes : Vézelay, Le Puy, Arles et Tours. Même pour ces chemins historiques, il existe de nombreuses variantes, et les infrastructures routières ont parfois emprunté (et donc détourné) le chemin d'origine. Que dire alors des chemins secondaires, c'est à dire ceux qui menaient aux quatre villes de départ ! A l'origine le pèlerin reliait Santiago de Compostelle à partir de son domicile ; il ne se rendait pas, comme beaucoup de pèlerins modernes, à Vézelay, Arles, Tours ou Saint Jean Pied de Port pour démarrer son chemin. Cela signifie presque qu'il existe un chemin par pèlerin !


Saint-Jacques (Eglise Saint Urbain, Troyes)

Le premier chemin décrit dans les pages "Itinéraire" est celui emprunté par les pèlerins venant de Namur ; il passe par Dinant, Rocroi, Signy l'Abbaye, Reims, Chalons en Champagne, traverse l'Aube, et continue jusqu'à Vézelay en passant par Tonnerre et Auxerre. Cet itinéraire constitue le chemin de grande randonnée 654 (GR654). Son tracé évite, et de loin, la ville de Troyes, pour lui préférer des villes moins importantes comme Brienne ou Bar Sur Seine. En fait, le tracé du GR s'appuie clairement sur des étapes historiques, mais tient compte également d'autres considérations plus "modernes" ; l'intérêt du parcours, les paysages rencontrés, les routes et autoroutes évitées, l'état des chemins, etc.

Une ancienne voix gallo-romaine reliant Chalons à Troyes passait par la plaine champenoise, aujourd'hui vaste étendue cultivée, qui n'offre au marcheur qu'un paysage bien monotone en comparaison à la forêt d'Orient et aux coteaux du barséquanais. D'autres chemins - de Dival à Ervy le Châtel, de Plancy à Troyes, de Troyes à Chaource - existent, et sont décrits dans la page "Autres chemins". Par ailleurs, la page "Troyes" permet d'imaginer le parcours type d'un jacquet qui traversait notre ville et d'y décrire les marques de Saint Jacques dans les rues et édifices du bouchon de Champagne.  

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