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Un chemin à Troyes

Je ne m'appuie sur aucun texte, aucun fait historique avéré pour la traversée du bouchon de champagne que je présente ici. C'est seulement au fil de mes promenades dans les rues du Vieux Troyes que m'est venue l'idée de ce parcours, qui suit quelques-uns des "indices" trouvés ça et là.

L'hébergement des pèlerins était assuré à Troyes. Plusieurs hospices ou hôtels Dieu avaient, en plus des soins aux malades et aux indigents, la mission de proposer un abris aux pèlerins ; ainsi l'Hôtel Dieu Saint Abraham, situé d'abord hors des murs puis dans le quartier de l'actuel Palais de Justice,   accueillait-il les pèlerins se rendant à Jerusalem, tandis que les "michelots" (pèlerins se rendant au Mont Saint-Michel) trouvaient logis et réconfort à l'Hôtel Dieu  Saint Bernard, situé entre l'actuelle place Jaurès et la rue de la Monnaie.  Plusieurs couvents et abbayes pouvaient en outre accueillir dans leurs dépendances des pèlerins en quête d'un toit lors de leur traversée de Troyes. On trouve aussi mention d'un logis de Saint-Jacques-de-Compostelle dans la rue Paillot de Montabert, ancienne rue du Domino ; la maison du Boulanger, située à l'entrée de la rue, porte d'ailleurs sur un poteau cornier de très belles coquilles, de même que les poutres de la cour du Mortier d'Or toute proche.

Les lieux de culte étaient nombreux (encore neuf églises de nos jours), et certaines devaient plus particulièrement attirer le pèlerin ; l'église Saint-Jacques aux Nonnains bien sûr, disparue à la révolution, mais aussi la collégiale Saint-Urbain et l'église Saint-Pantaléon, deux églises dont la construction est liée au Pape Urbain IV. Les divers inventaires des établissements religieux de Troyes révèlent également un certain nombre de reliques du saint ; la collégiale Saint-Etienne abritait dans son trésor un «bras (de) Saint-Jacques le Petit (le mineur) et de l'autre Saint-Jacques plusieurs notables reliques», l'Hôtel Dieu Le Comte présentait en sa chapelle «un grand bras, couvert de feuilles de cuivre, lequel a un reliquaire de monsieur Saint-Jacques l'apôtre» et l'Abbaye Saint-Martin Es Aires possédait une relique de Saint-Jacques le Majeur, rapportée de Constantinople au début du XIIIè siècle.

Si Troyes était sans nul doute une ville étape pour les "jacquets" du Nord de l'Europe, elle était évidemment une ville de départ pour les Troyens et Aubois désireux de cheminer vers Compostelle. Il existe plusieurs textes historiques qui font mention de ces pèlerins locaux, comme en fait état Claude Mollo (voir la page ressources). Jacques Colet, vicaire de l'église Saint-Nicolas, effectua le pèlerinage de Compostelle dans les dernières années du XVè siècle. Au XVIIè siècle, l'évêque Troyen Malier produisît de nombreuses lettres de recommandation pour des pèlerins des environs : François Gallois en 1654, Pierre de La Cour en 1655, Toussaint Geoffroy, de Bouilly,  François Henri et François Bouillard en 1659, Gabriel Vincent, Jean Gastelier et Jean Vincent, d'Aix en Othe en 1660, Jacques Bègue et Edmond Jamard, de Sainte Savine en 1661, Antoine Poupard, de Bercenay en Othe en 1664. En 1660, deux Troyens, Symphorien Freloix et Jean Imbault, décident de prendre le départ pour Compostelle, après avoir rédigé devant notaire un acte d'association, les garantissant en cas de maladie, mort, ou désistement de l'un et de l'autre, et les engageant à "s'assister mutuellement tout au long du parcours". Une autre anecdote, rapportée par Jean Marc Roger dans La Vie en Champagne (voir la page ressources) relate le pèlerinage d'Etienne Moreau, petit bandit de campagne, voleur de cierges dans les églises, et dont la peine de deux ans dans les prisons de l'évêque de Troyes fut commuée en pèlerinage à Saint Jacques en Galice, avec l'ordre "de ne revenir à Troyes qu'avec les preuves de son pèlerinage, sa compostelle". 

Le premier édifice des faubourgs de Troyes que le pèlerin rencontrait était situé près de l'actuel rond point de l'Europe ; il s'agissait du Prieuré Saint-Jacques ; «Très anciennement, à la bifurcation des routes d'Arcis et de Bar Sur Aube, s'élevait le prieuré Saint-Jacques, qui dés le XIè siècle, possédait des droits seigneuriaux sur le bourg. En 1593, après la destruction de l'église des Mathurins de Preize, et les dommages essuyés par le couvent, les religieux de Saint-Jacques s'unirent aux Mathurins qui se fixèrent définitivement au prieuré.» (source A Aufauvre, Troyes et ses environs, 1860).  Dissous à la révolution, les bâtiments du prieuré furent reconvertis en usine en 1857, et ont disparu depuis.

Passé ce prieuré, le pèlerin se trouvait à l'entrée de la ville et de la rue Kleber (ancienne rue Saint-Jacques), où trônait autrefois la Porte Saint-Jacques. En longeant la rue Saint-Jacques, il trouvait à sa gauche la petite rue Saint-Martin Es Aires, qui mène à l'abbaye du même nom, puis, un peu plus haut, l'église Saint-Nizier. Le portail latéral de cette église arbore une discrète mais jolie coquille au croisement de son pignon de bois.

Le chemin continuait ensuite vers la rue de la Cité ; à droite l'hospice Saint-Nicolas, reconstruit en 1820, mais dont la fondation remonterait au VIIè siècle, et qui pouvait peut-être accueillir les pèlerins, puis l'abbaye Saint Loup (actuel musée) qui faisait face au "beau portail" de la Cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul, construite du XIIIè au XVIIè siècle. La cathédrale conserve de magnifiques vitraux du XIIIè siècle pour les plus anciens. Un Saint-Jacques est visible dans la verrière des apôtres du bas côté Nord, mais il est aussi représenté dans deux hautes verrières du chœur (baie 213) et de la dernière travée de la nef (baie 228) ainsi que dans la verrière du pressoir mystique de Linard Gonthier. Un Saint-Roch polychrome du XVIè siècle orne une chapelle qui lui est dédié.

En quittant la Cathédrale, le pèlerin suivait la rue de la Cité, et trouvait sur sa gauche l'Hôtel Dieu Le Comte, qui pouvait également l'héberger ; la grille monumentale dessinée par Pierre Delphin en 1759 offre à la vue quelques belles coquilles sur le médaillon principal notamment (doit-on y reconnaître le collier de Saint Michel plutôt qu'une évocation de Compostelle ?…). Il traversait les quais et tournait à gauche pour arriver sur l'actuelle place de la Préfecture, où se trouvait autrefois l'abbaye Notre Dame au Nonnains et son église Saint-Jacques à double chœur (l'un pour l'abbaye, l'autre pour les paroissiens). Inutile de préciser que les représentations de coquilles et de Saint-Jacques devaient y être nombreuses, particulièrement sur son portail principal qui accueillait les paroissiens et les pèlerins ; on mentionne dans un inventaire de l'église une statue de Saint-Jacques "d'argent doré assis sur un pied de cuivre doré" ou encore "une bannière de taffetas jaune avec une représentation de Notre Dame et de Saint-Jacques".  

En faisant le tour du jardin/parking qui remplace aujourd'hui l'église, détruite à la révolution, le chevet de la basilique Saint-Urbain révèle ses dentelles de pierre au regard du marcheur. L'église fut construite au XIIIe siècle sur l’initiative du pape Troyen Urbain IV, sur le site de sa maison natale, la boutique de savetier de son père. Cette basilique, magnifique exemple de gothique flamboyant, offre là encore quelques belles images de Saint-Jacques ; dans sa verrière des apôtres tout d'abord, et à gauche du choeur, dans cette sculpture polychrome magnifique du XVIè siècle. Saint-Urbain abrite également les fonds baptismaux de l'ancienne église Saint-Jacques (à l'entrée, à droite).

La marche continuait à travers la ville, soit par les rues Champeaux et Molé, le long de l'église Saint-Jean Au Marché, soit par la rue Emile Zola, ancienne rue de l'Epicerie, où le pèlerin du Moyen âge devait sans doute se ravitailler dans les nombreuses échoppes qui s'y trouvaient alors.

En prenant à gauche la rue Turenne, le pèlerin arrivait au chevet plat de l'Eglise Saint-Pantaléon. En longeant son mur nord, on aperçoit dans la maçonnerie une discrète mais jolie coquille. Cette église rappelle une fois encore le pape Urbain IV, de son nom laïc Jacques Pantaléon ; son prénom est particulièrement célébré par une chapelle Saint-Jacques, magnifiquement éclairée par une verrière en grisaille de la bataille de Clavijo, où Saint-Jacques est supposé avoir mené les Espagnols chrétiens à la victoire sur les Maures musulmans ; le saint monte un grand cheval blanc avec dans une main un drapeau à coquilles et dans l'autre une épée. Une remarquable sculpture de Saint-Jacques attribuée à Dominique Le Florentin est également visible dans l'église ; il est représenté assis, son chapeau aux larges bords sur le dos, un bâton et un livre ouvert à la main. 

En quittant Saint-Pantaléon, le pèlerin rejoignait la place Jean Jaurès, ancienne place du marché au Blé, puis empruntait la rue Truelle, ancienne rue Saint-Nicolas, qui longe l'église Saint-Nicolas, dont les murs extérieurs sont décorés de multiples niches à coquilles. La ruelle menait autrefois à la porte-tour au Mistre ou porte d'Auxerre, par laquelle le pèlerin quittait la ville pour rejoindre Tonnerre puis Auxerre et Vézelay.

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La porte Saint-Jacques, détruite en 1832 L'église Saint-Nizier Saint-Jacques   Une coquille sur le portail nord La cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul
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Saint Roch Quatre vitraux de Saint-Jacques à la cathédrale Les belles coquilles de l'Hôtel-Dieu L'eglise Saint-Jacques aux Nonnains...
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...aujourd'hui préfécture de l'Aube La Basilique Saint-Urbain Vitrail de Saint-Jacques à Saint-Urbain Saint-Jacques à Saint-Urbain (XVIè s.) Saint-Roch à Saint-Urbain (XVIè s.)
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L'église Saint-Pantaléon La coquille sur le mur nord Saint-Jacques par Dominique le Florentin Le vitrail de Saint-Jacques à Clavijo Saint-Jacques sur une des hautes verrières du choeur
mistre.jpg (11833 octets) Cliquer pour agrandir Cliquer pour agrandir  Cliquer pour agrandir    Cliquer pour agrandir
La Porte au Mistre ou d'Auxerre Une coquille sur le mur de Saint-Nicolas De belles coquilles ornent l'entrée de la rue Paillot de Montabert Les coquilles de la cours du Mortier d'Or 
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Saint Jacques sur le vitrail de la Passion à Sainte Madeleine

Pour des informations complètes sur la ville de Troyes
et ses monuments, visitez le site du Vieux Troyes


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