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Autres chemins dans l'Aube D'autres "chemins de Compostelle" existaient dans l'Aube, même si leur tracé d'aujourd'hui ne permet plus vraiment de les emprunter entièrement à pied ; voie rapide, route, cultures ont bien sûr modifié considérablement le réseau de voies et chemins du moyen âge. Pourtant, si l'on se réfère aux cartes locales de la série bleue (échelle 1:25000) de l'IGN, on arrive à retrouver le tracé d'anciennes voies romaines notamment, qui étaient empruntées par les marchands se rendant aux foires de Champagne au temps des Comtes de Champagne. Pour favoriser l'essor économique de ces foires, les Comtes assuraient la protection des marchands (ou de tout autre voyageur) qui se rendaient à Troyes ou Bar sur Aube, pour notre département, ou à Provins et Lagny pour le Nord-Ouest de l'ancien Comté de Champagne. Quand on sait les dangers encourus par les pèlerins du Moyen Age, ces voies "sécurisées" étaient une réelle bénédiction. L'aube s'est vite trouvé à la
croisée des chemins, qu'ils soient ceux des marchands ou des pèlerins. Les
infrastructures gallo-romaines sont empruntées et entretenues par les voyageurs du moyen
âge. Notre département est traversé par plusieurs voies romaines d'importance, dont la
voie d'Agrippa, qui reliait l'Italie à Boulogne sur Mer ou à Trèves. Cette voie semble
se diviser en deux itinéraires à partir de Châlons sur Saône, le premier rejoignant
Châlons en Champagne par Troyes, l'autre par Langres et Bar Sur Aube. D'autres voies
secondaires existent et sont entretenues au Moyen âge ; la voie de Troyes à Beauvais par
Meaux, la voie de Troyes à Sens, la voie de Troyes à Avallon par Chaource, la voie de
Rhèges (Troyes - Reims), etc. Ces itinéraires, dont le tracé a souvent servi à
dessiner le réseau routier actuel, permettent à de nombreux pèlerins de se rendre sur
les hauts lieux sacrés de leurs siècles. Bien avant la découverte du tombeau de Saint
Jacques, les pèlerinages sont nombreux, parmi lesquels ; mais aussi bien sûr les destinations plus lointaines ; Il n'est pas étonnant que dès le IXe siècle, en 865, on décide de créer à Pont Sur Seine, sur l'ancienne voie romaine de Meaux à Troyes, un hospice pour accueillir les pèlerins malades et les voyageurs pauvres. Pont sur Seine est un lieu de passage stratégique à cette époque (de son ancien nom, Douze Ponts), et le restera encore quelques siècles avec son péage seigneurial puis comtal au temps des foires. On peut retracer quelques trajets en lisant les récits de voyageurs des siècles passés, et surtout réaliser la multiplicité et la diversité de ces trajets selon leurs intentions. En 1395, le Seigneur d'Anglure emprunte sans doute la voie romaine de Rhèges pour relier son fief à Troyes puis Chatillon Sur Seine alors qu'il est en partance pour Jerusalem. En 1532, le seigneur de Champarmoy et Grandchamp, en route pour Jerusalem, part de Nogent Sur Seine et passe par le Paraclet, Pavillon [Sainte Julie], Troyes, Bar Sur Seine, Courteron et Mussy avant de rejoindre Lyon puis Venise ; à son retour, il fera halte de nouveau à Troyes puis à Villenauxe. Quelques décennies plus tard, en 1609, François Vinchant, voyageur belge, passe par Reims, Châlons, Rosnay L'Hôpital, Brienne, Bar Sur Aube et Clairvaux pour rejoindre Dijon lors de son pèlerinage à Rome. La même année, le voyage du bourgeois Lillois Pierre Le Monnier passe lui aussi par Troyes pour rejoindre l'Italie. D'autres sources permettent aussi d'emprunter les chemins d'antan ; les guides de voyages sont dans leur forme actuelle des inventions relativement récentes, toutefois, quelques précurseurs ont décrit des itinéraires que devait emprunter le voyageur en France. Je citerai ici deux ouvrages, tous deux consultables en ligne dans la banque de données GALLICA ; l'un daté de 1556 et signé Charles Estienne, intitulé "Guide des Chemins de France", l'autre daté de 1788 et intitulé "Itinéraire complet de la France". Dans le premier, l'auteur décrit succintement les principales routes partant de Paris vers la province. On trouve ainsi l'itinéraire de Troyes à Paris, mais aussi celui de Troyes à Chatillon sur Seine :
Dans l'ouvrage de 1788, les descriptions sont plus détaillées, et les trajets entre les principales villes du royaume sont décrits avec une grande précision :
Mais revenons maintenant à nos chemins de Compostelle ! Le topo-guide de la Fédération Française de Randonnée Pédestre "Les coteaux du Champagne aubois" mentionne trois chemins principaux ; l'un passant à Bar Sur Aube, un autre passant par Troyes en venant de Reims, et un troisième passant à l'ouest du département par Villenauxe et la forêt d'Othe. En se référant aux vocables des églises paroissiales ou de chapelles disparues ou encore présentes, il est possible de déterminer un certain nombre de lieux spécifiquement "jacquaires" dans notre département. Par ailleurs, les "indices" - statues ou vitraux de Saint-Jacques et coquilles (autres que purement décoratives) - permettent encore d'affiner la définition d'éventuelles étapes où le pèlerin pouvait célébrer, en plus du Saint local, son objectif ultime de pèlerinage, Saint Jacques de Compostelle. Les recherches effectuées notamment par Claude Mollo (voir la page ressources) permettent de dresser un cartographie assez précises de ces lieux de passages présumés et de distinguer des lieux spécifiquement jacquaires des villages comportant des indices liés au pèlerinage de Compostelle. La localisation des principales abbayes de la région comme autant de lieux d'accueil des pèlerins vient encore préciser les itinéraires possibles.
Le premier itinéraire que j'ai tenté de reconstituer est celui qui passe par Troyes en venant de Reims par la voie romaine de Rhèges. Le pèlerin arrive dans le département par Plancy l'Abbaye et traverse la plaine Champenoise. Une variante à ce premier chemin de Reims est l'arrivée par la route de Châlons en Champagne par Arcis sur Aube et Aubeterre.
Au départ de Troyes je décris deux chemins possibles ; l'un passant par Chaource, l'autre par Bouilly. Le deuxième itinéraire entre dans le département par Dival et son église Saint Jacques, pour passer ensuite par l'abbaye du Paraclet, Marigny le Chatel, Aix en Othe et quitte le département au niveau des Croûtes ou de Marolles sous Lignières :
Enfin, pour les pèlerins de l'Est arrivant de la Haute Marne, j'évoquerai un troisième itinéraire passant par Bar sur Aube.
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